Destruction de la pièce de Réception de La Rigueur de Sète

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Ce sujet a 9 réponses, 3 participants et a été mis à jour par  jean-michel-mathoniere, il y a 13 ans et 8 mois.

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  • #743

    Bonjour les Coteries.

    Comme nombre d’entre-vous le savent sans doute déjà, la pièce de Réception de Frédéric Degenève, qu’il avait offerte à sa ville d’origine, Pézenas, a été « perdue » par les services techniques de la mairie ! En clair, il semblerait qu’elle ait été détruite par un « accident » et qu’au lieu d’en informer Frédéric pour voir si c’était possible de la restaurer, on ait décidé de se débarrasser en douce des morceaux ! Et après lui avoir quand même et tardivement présenté des excuses, on n’est pas foutu de lui dire où sont ces morceaux : décharge, jardin d’un employé municipal ? Hallucinant !

    Je viens donc de consacrer un long article à ce scandale sur mon blog. Voici le lien vers la page : http://compagnonnage.info/blog/blogs/blog1.php/2011/03/04/chefdoeuvredecompagnondetruitapezenas

    En fin d’article, il y a un lien pour envoyer un message à la mairie et faire part de votre indignation. Ne vous en privez pas !

    Amitiés à tous.

    #2108

    regis-deltour
    Admin bbPress

    Cher Jean Michel,

    Je n’ai pas voulu répondre sur ton blog pour ne pas polémiquer d’avantage, mais est ce que l’intéressé à écrit quelques choses. Je trouve effectivement l’événement très regrettable, je serai un peu attristé de voir mon propre chef d’oeuvre par terre.
    Mais l’erreur humaine existe, les compagnons ne sont pas encore tous mort et les tailleurs de pierre en général non plus, ils pourront encore faire bien des chefs d’oeuvres.
    Si j’avais moi même cassé ce chef d’oeuvre, je me serais senti coupable, mais en un quelconque endroit que ce soit passé, je n’aurait pas pu garder les gravats là, en attendant que son auteur trouve un moment de libre pour dire si oui ou non le chef d’oeuvre était réparable. Un chef d’oeuvre a la valeur de ce qu’il ai au moment ou il est réalisé, après il peut susciter l’émerveillement ou l’intérêt chez ceux qui le regarde ; mais une fois qu’il n’est plus, il ne peut pas être considéré comme une relique sacré, ainsi va la vie.

    Enfin voilà mon avis, respectueusement, alsacien

    #2110

    Cher Régis,

    sur le fond, je suis tout à fait en accord avec toi : ce qui compte réellement, c’est ce qu’une telle pièce a représenté pour celui qui l’a réalisée, au moment où il l’a faite. Mais aussi ce que cela représentera, comme point de repère, pour ceux qui mettront leurs pas dans cette longue chaine de transmission des tailleurs de pierre. Une pièce de disparue, qu’importe quand dix viendront dans l’avenir la remplacer !

    Quant à la forme, je suis beaucoup moins d’accord…

    Laissons de côté le fait que La Rigueur de Sète n’a pas rejoint les rangs de l’Association de Compagnons Passants tailleurs de pierre : j’ose espérer que les différents entre sociétés ne volent pas si bas qu’on ne compatirait pas à un malheur survenu à un Coterie d’une autre société, même si je sais que le contentieux avec l’AO est lourd, même s’il semble aussi que ce Coterie s’est beaucoup détaché du compagnonnage.

    Reste le fait que les circonstances dans lesquelles s’est produit ce « malheureux accident » (dixit la mairie) sont en réalité connues et que seul le fait de ne pas nuire à l’une des personnes qui s’est trouvée contrainte à exécuter les ordres reçus, me pousse, pour l’instant, à ne pas tout dire sur mon blog. Toujours est-il que la pièce brisée ne se trouvait pas à l’état de gravats irrécupérables et que de toutes les façons, l’irresponsable de cette situation n’avait pas à décider, seul et sur le champ, de jeter à la décharge un bien communal… Oui l’erreur humaine existe, mais comme le dit la citation entière, persévérer est diabolique ! Et c’est en l’occurrence ce qui s’est passé ici : pièce stockée dans des conditions déplorables, manutention inadéquate, dissimulation des preuves de l’erreur. C’est beaucoup. Et d’une manière ou d’une autre, cela mérite correction.

    Entre sacraliser une telle pièce et s’en détacher comme s’il s’agissait d’un déchet, d’une crotte de chat qu’il faut s’empresser de recouvrir, d’une bêtise de gamin qu’on veut cacher, il y a un large éventail d’attitudes, au centre desquelles on trouve tout simplement le respect pour le patrimoine, lequel se fabrique chaque jour qui passe et n’est pas simplement jugé à l’aulne de son ancienneté ou de sa valeur artistique. Et ce respect me semble indissociable des valeurs que s’efforce de transmettre, depuis des siècles, le Devoir. Pas d’attachement quasi religieux, certes, je suis partiellement d’accord (étymologiquement le religieux, c’est ce qui relie). Mais pas d’accommodement non plus avec la bêtise, surtout lorsqu’elle risque, non sanctionnée, de mettre en péril d’autres éléments du patrimoine confiés à ses soins. Sinon, comme disait Alfred Jarry, « quand on passe les bornes, il n’y a plus de limites ». Et je me demande bien alors pourquoi le Compagnon se devrait de respecter certaines vertus — parmi lesquelles le courage, par exemple de dire haut et fort son indignation. Ne pourrait-on pas là aussi quelque peu s’accommoder ?

    Bien à toi.

    #2112

    boisanfray
    Admin bbPress

    Bonjour à vous tous,
    je réagis très rapidement à la petite phrase qui "pique", celle qui demande si la réflexion de Régis ne serait pas liée à des considérations aussi basse que celle de ne pas traiter le travail de réception d’un coterie de l’aocdtf, comme nous le ferions d’un coterie de chez nous.

    Si c’était le cas, nous ne serions pas vivant et bâtisseur comme nous le sommes, notre mouvement n’aurait pas passé son année de création.
    Notre moteur n’est pas là , et ce n’est pas un secret, surtout pour Jean Michel Mathonière.

    Pour en revenir au sujet qui était ici développé, je dois admettre que je prend le temps de la réflexion avant d’interpeller en mon nom cette collectivité.
    Il faut reconnaitre que "l’incident" est déplorable, que le dissimuler est pire.
    Cependant dans l’article du blog le ton est tel que ce n’est pas possible de ne pas voir la colère qui pousse le rédacteur.
    Colère bien compréhensible.

    Mais pour nous, lecteur de cet article, toutes les clefs de la compréhension ne sont pas là. Avant le message ci-dessus
    il ne nous était pas apparu que ce qui semblait être une investigation se trouve plutôt être le fait d’amener la collectivité à avouer des fait qui sont préalablement connus du rédacteur…

    J’attendais une avancée de l’enquête pour me manifester en mon nom. Celle ci semble bouclée…
    Peut-on en savoir plus?

    Normand.

    #2113

    regis-deltour
    Admin bbPress

    Bon, je n’ai pas réussi à répondre plus tôt, les lois de l’informatique empêchées ma réponse, mais je ne peux m’empêcher de répondre à cette pique provocatrice, sans aucune passion pour ce sport 😕 .

    quote Jean-Michel MATHONIÈRE:

    Laissons de côté le fait que La Rigueur de Sète n’a pas rejoint les rangs de l’Association de Compagnons Passants tailleurs de pierre : j’ose espérer que les différents entre sociétés ne volent pas si bas qu’on ne compatirait pas à un malheur survenu à un Coterie d’une autre société, même si je sais que le contentieux avec l’AO est lourd, même s’il semble aussi que ce Coterie s’est beaucoup détaché du compagnonnage.

    La tout de même, tu y vas fort ! Je ne sais pas quoi répondre à ce message sibyllin 😐 est peu flatteur… Si, …, je ne peux qu’encourager ton espoir, et t’engager toi, ou le lecteur qui passera par là, à mieux comprendre les tenants, aboutissants et acteurs de cette scission.

    Tant qu’au coterie Degenève, je le connait peu, mais lui accorde tout le crédit que d’autres honnêtes compagnons que je connais bien, peuvent lui accorder, ce sans esprit de corps, c’est donc peu dire du respect que je lui porte 🙂 . Tant qu’au chef d’oeuvre taillé de ses mains, et brisé, puis détruis par la commune de Pézenas, j’attends les explications officielles de la mairie de Pézenas, qui ne tarderont plus, vu la pression. Bravo pour le buzz 😀 !

    D’ailleurs le sujet du débat débordant sur d’autres considérations, si tu le souhaites un débat informatif sur cette scission peu s’engager sur ce même forum, pour une meilleure compréhension de tous.

    #2115

    Eh les Coteries, on voit que la blessure est loin d’être cicatrisée ! Ma petite phrase n’avait rien d’une provocation, loin s’en faut ; simplement, vis-à-vis des « profanes », elle exprimait le fait qu’il convenait d’écarter d’emblée cette possibilité. Car aucun des nombreux messages (par mail, téléphone, commentaires sur mon blog, Facebook…) que j’ai pu recevoir au sujet de cette affaire ne peut me laisser penser que des Compagnons, de tous métiers et de toutes les sociétés, ne pouvait penser semblable chose ! Non, non, absolument aucun… A bien y réfléchir, je me demande même pourquoi j’ai pu éprouver le besoin de prendre cette précaution oratoire.

    Dans tous les cas, le sujet traité ici n’est pas de connaitre et comprendre tous les tenants et aboutissants de votre scission d’avec l’AO. C’est un sujet passionnant, sans aucun doute, et qui m’intéresse beaucoup, mais on ouvrira le débat ailleurs que dans ce post, si vous le voulez bien (un autre post ou un cadre plus confidentiel).

    Le sujet dont je parlais, au travers de l’exemple de la pièce de La Rigueur de Sète, est celui de la protection du patrimoine, en général, et du patrimoine compagnonnique en particulier. Je suis là pleinement dans mon rôle, l’historien se devant aussi d’être un acteur engagé dans cette protection et pas seulement un témoin qui planerait, tel un esprit désincarné, au-dessus des flots agités de ce bas-monde 🙂

    En colère ? Indigné est bien plus exact. Et cette indignation, j’entends effectivement la faire partager. Et il me semble que les Compagnons tailleurs de pierre, de toutes sociétés, se devraient d’être parmi les premiers à faire entendre cette indignation — d’autant qu’en la circonstance, ce ne sont pas eux, précisément, qui brandissent l’étendard et il n’est donc aucune raison de leur reprocher de prêcher pour leur paroisse.

    De fait, j’exprime mon indignation et celle de nombreuses personnes avec des phrases qui ne sont pas doucereuses. À chaque matériau son outillage adéquat… À la force d’inertie d’une municipalité capable de couvrir par son silence l’auteur d’un tel acte, on ne peut guère opposer (d’autant que cela a déjà été fait : lisez attentivement l’article) la demande courtoise et en privé de s’expliquer. Tailleriez-vous le granite avec une petite cuillère ? On peut toujours tenter la performance 8)

    Pour en revenir à l’affaire elle-même, la publication de l’article et la mobilisation qui s’en est suivi (et qui se poursuit), ont permis de faire surgir par bribes la vérité, qui n’était pas totalement connue d’avance (du moins pour ce qui me concerne). Nous disposons effectivement aujourd’hui de la plupart des détails, avec certitude. Et nous attendons que la mairie de Pézenas veuille bien en faire l’aveu sincère et complet. C’est, me semble-t-il, le seul moyen pour la ville de sortir grandie de ce scandale. Vu l’incroyable protection dont semble bénéficier le responsable de ce « malheureux accident », je ne publierai pas davantage de détails pour ne pas mettre en difficulté vis-à-vis de la hiérarchie municipale la personne qui nous les a communiqués. Il faudra donc attendre… ou me joindre par messagerie privée !

    À noter aussi que des Compagnons de toutes sociétés de la région de Pézenas sont avant moi montés aux créneaux, tant par coups de gueule que par le biais de relations amicales. Et qu’ils n’ont pas reçu de réponse… Une adjointe au maire s’est elle-aussi indignée et, devant l’absence de réponse claire, en a fait un malaise et a dû être évacuée de la mairie par le SAMU. Donc je ne pense pas que le ton de mon article et la virulence du buzz soient disproportionnés !

    Et pour conclure, j’insisterai sur le fait qu’il est important que vous preniez bien plus à cœur la préservation de votre patrimoine, tant ancien que celui qui, chaque jour qui passe, se constitue. Tant physique qu’immatériel. Il fait fondamentalement partie de la transmission… Oui, une maquette ou une pièce de Réception, ce n’est jamais que du caillou ne possédant de réelle valeur que pour celui qui a grandi grâce à ce travail. Non, ce n’est pas quelque chose sans importance qui ne mérite pas que l’on en prenne soin. Si vous ne vous mobilisez pas aujourd’hui pour exprimer votre indignation devant un tel ensemble d’actes (destruction, dissimulation et silence), dans la dignité et la mesure (que je sache, il n’est pas nécessaire d’agonir d’insultes la mairie de Pézenas), pourquoi voudriez-vous que demain d’autres se mobilisent pour sauver et mettre en valeur tel ou tel élément de votre patrimoine ?

    Amitiés sincères à tous.

    #2117

    Concernant la nécessité qu’il y a d’exprimer son indignation, voici un poème attribué au pasteur Martin Niemöller (1892-1984), un survivant de Dachau que j’aime à citer :

    Lorsqu’ils sont venus chercher les communistes
    Je me suis tu, je n’étais pas communiste.
    Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes
    Je me suis tu, je n’étais pas syndicaliste.
    Lorsqu’ils sont venus chercher les juifs
    Je me suis tu, je n’étais pas juif.
    Puis ils sont venus me chercher
    Et il ne restait plus personne pour protester.

    Ce texte illustre bien, dans un registre certes plus grave (mais justement : où commence ce qui est grave ?) que cette histoire de "caillou" de Pézenas, le glissement insensible, si l’on n’y prend garde, de l’indifférence vers la lâcheté, du tolérable vers l’intolérable, du "ça ne me concerne pas" au "je suis concerné moi aussi"…

    Loin de moi l’idée de vouloir donner des leçons ! Ceux qui me connaissent depuis longtemps le savent… C’est donc juste une sorte de "petit caillou" ramassé au fond de mes chaussures et fait de mots que j’offre à votre méditation.

    Amitiés à tous.

    #2118

    VICTOIRE ! Monsieur le Maire de Pézenas s’est enfin engagé publiquement, devant la caméra de FR3 Languedoc-Roussillon, à faire fouiller la décharge de Saint-Thibéry pour y retrouver au moins un fragment du chef-d’œuvre de La Rigueur de Sète… Il ne dit rien quant aux éventuelles sanctions prises à l’encontre du responsable de cette gabegie : le directeur des services techniques, qui a fait déplacer la pièce n’importe comment, malgré les réticences des employés municipaux, provoquant la casse, et qui, pour cacher sa bêtise, leur a demandé d’aller jeter les morceaux à la décharge ! Et n’a pas avisé le Maire ou qui que ce soit !

    Cliquez sur le lien ci-dessous pour voir le journal télévisé du 14 mars avec l’interview de Madame Edith Fabre, la courageuse adjointe au Maire chargée du Patrimoine, qui n’a pas lâché prise et n’a eu de cesse de dénoncer ce scandale, et celle de Monsieur le Maire. On y entend aussi la voix de Frédéric Degenève.
    Nota : le reportage est annoncé en Une du JT, mais démarre seulement vers 14’30" après.

    http://www.pluzz.fr/jt-19-20-languedoc- … 19h00.html

    La mobilisation, ça paye ! L’enterrement de ce "Bernhardt" inhabituel sera l’occasion de, festivement et positivement, faire parler du Compagnonnage et des Compagnons tailleurs de pierre, de son actualité et de son avenir.

    Amitiés à tous !

    #2119

    boisanfray
    Admin bbPress

    Je me réjouis de cette issue,
    même s’il faut reconnaitre que retrouver les morceaux ne semble pas gagné…

    Bravo pour la mobilisation que tu as su lancer et entretenir Jean-Michel.

    Normand.

    #2122

    Ça y est : des morceaux ont été retrouvés et la mairie est OK pour faire un enterrement façon "Bernhardt"… A suivre donc, un de ces jours prochains à Pézenas. Merci encore à tous ceux qui se sont mobilisés pour faire entendre raison à la mairie de Pézenas.

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